Gruissan est un village du littoral audois, connu pour sa station balnéaire, et ses chalets, cadre du film 37°2 le matin... Mais c'est aussi un village fort ancien, dont le plan
circulaire et la fameuse tour "Barberousse" attestent le passé médiéval.
Retour sur un lieu fort en patrimoine... Avec une petite nostalgie des vacances !
Une occupation ancienne.
Les premières traces d'occupation sur la commune remontent au Mésolitique (-10000 à -6000 ans environ), ère de transition entre Paléolithique et Néolithique. A cette période, le climat se
réchauffe progressivement, mais l'homme est encore totalement dépendant de la chasse et de la cueillette pour sa subsistance.
On a retrouvé sur place des pierres taillées en forme de triangle ou de trapèze, de moins de deux centimètres, carcatéristiques de la période Mésolithique. Ces pierres taillées de silex
ou de quartz étaient utilisées par nos lointains ancêtres comme pointes de flèches et de harpons.
Un lieu stratégique à l'époque médiévale.
Stratégique, le lieu l'était à un double titre :
-il commandait l'entrée de l'étang, qui menait au port de Narbonne (avant ensablement).
-les marais salants de Gruissan étaient une source de revenus importants, concédée à l'Evêque de Narbonne par Pépin le Bref. Plus tard, le comte de Narbonne à son tour percevra des
revenus... C'est dire l'enjeu du sel, véritable manne financière convoitée par les puissants de l'époque !
La tour Barberousse et les pirates.
En arrivant en Gruissan, c'est elle que l'on remarque en premier sur sa butte. Ce nom est étrange, il pourrait laisser penser qu'elle a été construite par on ne sait quel pirate des Caraïbes,
mais il n'en est rien...
Le nom de Barberousse lui a sans doute été donné en mémoire des raids que faisaient les pirates barbaresques venus d'Afrique du Nord pour chercher les esclaves sur les côtes françaises.
Les frères Barberousse étaient les plus connus de ces pirates (jointure des XVe et XVIe siècles), mais rien de précis ne rattache ces trois personnages à Gruissan en particulier. Les esclaves
français en Afrique du Nord étaient parfois rachetés par l'ordre des Mercédaires, fondé par un autre audois célèbre, Pierre Nolasque, né au Mas Saintes-Puelles en Lauragais.
En ces ères d'insécurité, la tour était sans doute un outil important pour surveiller les côtes et prévenir les fameux raids.
Origine de la tour et du village.
Une première tour devait exister au XIe siècle, que se disputaient l'Archevêque de Narbonne et le coseigneur local. Dès le XIe siècle, les travailleurs des marais salants doivent se réfugier dans
le château pour se protéger des incursions de pirates.
La tour actuelle, d'après les monuments historiques, remonte au XIIIe siècle.
On peut noter la fenêtre en ébrasement (photo ci-dessous), et la belle voûte circulaire du dernier étage. La tour avait probablement trois étages. L'un d'eux a une fenêtre à coussièges
(d'un beau mot que j'ai appris sur le lexique d'architecture médiévale du blog du Chevalier). Il s'agit de ces bancs aménagés
dans l'ouverture d'une fenêtre (visibles sur la photo ci-dessus, au-dessous de la voûte).
Le
village castral.
Comme en beauoup d'autres endroits dans l'Aude, entre le Xe et le XIIe siècle s'édifient des villages castraux ou castra (singulier castrum). Guissan, avec son plan
circulaire autour du château, a un plan caractéristique de ce type de village, que l'on a parfois appelé les "circulades".
Le château fut malmené lors des guerres de religion, et servit de carrière à partir du XVIIIe iècle, d'où son état actuel...
Bref...
Je reviendrai sans doute dans d'autres articles sur Gruissan, ses traditions, la chapelle des Auzils, la vie des marais salants et des pêcheurs... A bientôt donc si le coeur vous en
dit !
Liens.
Article très intéressant du chevalier Dauphinois,
plein d'informations très intéressantes, et sans lequel le mien n'aurait sans doute pas pu exister !
Article sur les frères Barberousse dans Imago Mundi.