Un lieu infernal ?
Lorsque vous quittez le paisible bourg de Durfort pour vous engager dans la vallée du Sor, en direction des Cammazes, vous entrez dans un endroit maudit. Pour les anciens, en effet, ce
lieu était la vallée de la fin du monde. Elle était hantée de démons et d'esprits mauvais. Mieux, il s'y trouvait un vieux castel en ruine, la tour de Roquefort, où le
diable lui-même avait sa cour. On appelait ce vieux donjon la Tour du Diable.
Partout dans les forêts des alentours, la toponymie révèle un espace marqué par la terreur: ainsi, le "ravin des pendus", "le ravin des criminels", Malamort.
Cette vallée est-elle réellement un lieu diabolique?
L'explication.
Si la vallée de la fin du monde et la prétendue tour du diable ont si mauvaise réputation, c'est qu'en fait parce qu'elles ont été, pendant plus d'un siècle, le territoire exclusif des
bandits ; ceux-ci opéraient dans la montagne elle-même, et même dans la plaine.
Les Grandes Compagnies, des bandes de brigands, se sont formées vers 1350, comme chacun sait. A l'origine, c'étaient des soldats sans solde, auxquels sont venus se joindre des routiers
gascons, espagnols, français. Plusieurs de ces compagnies envahirent les châteaux abandonnées de la Montagne noire: ainsi, l'une d'entre elle s'installa au château de Berniquaut, l'autre au
château de Roquefort en 1361.
Ce sont sans doute les méfaits de ces brigands qui sont à la source de la toponymie infernale de la vallée. Quand à Malamort, ce nom passe dans la région pour avoir été celui d'une
léproserie, ou bien il serait lié à une épidémie de lèpre qui aurait frappé les brigands.
Bibliographie.
J. Albarel, Roquefort les Cammazes, dix siècles à l'ombre d'un chateau, Frèrerie Ferrières.
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