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Le site non officiel du Pays Cathare et du Languedoc (Aude, Haute-Garonne, Tarn, Ariège). Plongez dans la nature, l'histoire et la légende du Sud.

La chapelle Saint-Pierre et sa source (Caudebronde, Aude)

 


Non loin du village de Caudebronde, la chapelle Saint-Pierre est située au bord de la route départementale qui va de Carcassonne à Mazamet. Partiellement dissimulée sous un bois de chênes menus, c’est une église de montagne assez modeste, faite pour résister aux rigueurs des climats. De forme trapue, elle est couverte d’ardoises, et dispose d'un proche où l'on peut s'abriter. Elle a une belle porte rustique en plein cintre. Devant sa porte, une petite croix de fer.

 

La source de saint-Pierre.

 



Si l’on emprunte un petit chemin derrière la chapelle, on arrive rapidement à une petite source, protégée par une construction en moellons. Là coule une eau très pure, dont la tradition dit qu’elle peut guérir les maladies des yeux.


Jadis, ceux qui voulaient obtenir la guérison opéraient ainsi : ils devaient se rendre à la source le premier août, jour de la fête de saint Pierre, entre l’angelus du matin et celui du midi. A ce moment là, il fallait se laver les yeux trois fois, dire un « pater à saint Pierre », le supplier de prier Dieu pour soi. Ensuite, on emportait un peu d’eau pour se laver les yeux chaque jour en se levant et se couchant.

 

La légende de la Juive.

 



Le plateau de Caudebronde est également lié à une légende mettant en scène un être féminin énigmatique, fée, sirène ou sorcière. Elle s’appelle la Juive (Josiva), et apparaissait le jour de la chandeleur (2 février). Si elle portait un fagot de bois sec sur l’épaule, cela indiquait que l’hiver allait reprendre dans toute sa rigueur.


Une telle légende se retrouve non loin de là à Lastours, où c’est un autre personnage féminin, Salimonde, qui apparaît également le jour de la Chandeleur pour donner un signe de la fin proche ou lointaine de l’hiver. De telles capacités météorologiques sont souvent associées dans les légendes à des êtres féminins ; ainsi, dans les bestiaires du Moyen-âge, c’étaient les sirènes qui avaient cette capacité de prédire le temps.


Quant au nom de « juive », il faut se rappeler que l’antisémitisme latent des populations anciennes était réel, et que juif était synonyme de païen, enchanteur, sorcier (autrement dit : un être qui a des rapports avec les forces de la nature brute, ou du surnaturel). Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’un être magique légendaire ait reçu un tel surnom.


D’ailleurs, d’après François Oustric, un conteur racontait là-bas il y a quelques décennies que cette juive était une druidesse, qui administrait là une sorte de petit sanctuaire à l’époque romaine. Légende sans doute trop précise « historiquement parlant » pour être réellement authentique.

 

Plusieurs mystères.

 



-pour autant, cette légende permet de faire une hypothèse intéressante sur les origines du sanctaire. En effet, le plateau de Caudebronde, de l’antiquité au Moyen-âge, a été un haut lieu de la production de fer. On trouve encore sur place des mâchefers et des restes de fourneaux. Qui dit fourneaux ou forges dit sans doute dommages oculaires pour ceux qui y travaillent, dus à la chaleur du métal en fusion. De ce fait, peut-être que la fréquentation de cette source qui guérit les maladies des yeux date de l’époque pré-chrétienne, avec possible christianisation du lieu sous l’invocation de Saint-Pierre ensuite. Mais, bien sûr, ce n’est là qu’une supposition.


-Les lieux étaient en effet occupés au moins depuis l’époque romaine. On a trouvé sur place une amphore de type rhodanien, du règne de Caligula.   


-il existe dans la source une petite niche. Certains disent qu’autrefois se trouvait là une petite statue disparue (volée ?), dont on ignore le sujet : représentait-elle saint Pierre ? Dernièrement, on y a déposé une icône.

 

Les chemins de saint-Jacques. 


On peut même penser que la source, après les Romains, fut ensuite visitée au Moyen-âge par les pèlerins de saint-Jacques, puisqu’après tout, nous ne sommes pas loin ici du Cami Roumieu qui traverse la Montagne noire, ancienne voie romaine sans doute empruntée par les pèlerins. Certains même parlent d’une hôtellerie qui aurait accueilli ici les visiteurs. Toujours est-il que tout ceci relève de l’hypothèse, en l’absence de confirmation directe.

 

Sources.


F. Oustric, « La source de saint-Pierre » (Revue Folklore).

F. Courrière, Récits et traditions de la Montagne noire

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P
Merci de tes précisions. En poursuivant mes investigations j'avais compris qu'il devait s'agir d'une série d'articles publiés dans la revue Folklore, éditée par le GARAE. Cet ouvrage doit donc certainement reprendre l'intégralité de ces articles.<br /> A propos de la revue Folklore, l'intégralité des numéros édités a été numérisée et peut être consultée sur le site du GARAE. Initiative louable, bien qu'il soit fastidieux de lire un scan de livre...
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A
<br /> Promethazine, cette nouvelle me comble de joie, dans la mesure où je fais grand usage de cette revue pour mes articles, et que cela va me faciliter la vie. J'ai quelques numéros à la maison mais<br /> les bouquinistes ont tendance à les vendre à prix d'or.<br /> Vraiment une bonne nouvelle !<br /> A très bientôt, Abellion.<br /> <br /> <br />
P
Aurais-tu plus d'informations sur l'ouvrage "Histoire de la Montagne Noire" ? Cela me semble très intéressant mais je n'ai pas trouvé d'informations sur Internet.
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A
<br /> Cher Promethazine, en fait, je citais de mémoire le titre de cet ouvrage que j'ai lu il y a fort longtemps, n'ayant pu retrouver les notes de l'époque. Il s'avère que le titre exact<br /> est: <br /> F. COURRIERE, Récits et traditions de la Montagne noire, édité par JP Piniès,  Carcasonne, Garae, 1988.<br /> J'en ai le souvenir d'un ouvrage intéressant mais très disparate quant au contenu. C'est la réedition d'un ouvrage rédigé et peut-être publié antérieurement.<br /> Désolé de t'avoir induit en erreur,<br /> Abellion.<br /> <br /> <br />