Le site non officiel du Pays Cathare et du Languedoc (Aude, Haute-Garonne, Tarn, Ariège). Plongez dans la nature, l'histoire et la légende du Sud.
Non loin du village de Caudebronde, la chapelle Saint-Pierre est située au bord de la route départementale qui va de Carcassonne à Mazamet. Partiellement
dissimulée sous un bois de chênes menus, c’est une église de montagne assez modeste, faite pour résister aux rigueurs des climats. De forme trapue, elle est couverte d’ardoises, et dispose d'un
proche où l'on peut s'abriter. Elle a une belle porte rustique en plein cintre. Devant sa porte, une petite croix de fer.
La source de saint-Pierre.
Jadis, ceux qui voulaient obtenir la guérison opéraient ainsi : ils devaient se rendre à la source le premier août, jour de la fête de saint Pierre, entre
l’angelus du matin et celui du midi. A ce moment là, il fallait se laver les yeux trois fois, dire un « pater à saint Pierre », le supplier de prier Dieu pour soi. Ensuite, on emportait
un peu d’eau pour se laver les yeux chaque jour en se levant et se couchant.
La légende de la Juive.
Une telle légende se retrouve non loin de là à Lastours, où c’est un autre personnage féminin, Salimonde, qui apparaît également le jour de la Chandeleur pour
donner un signe de la fin proche ou lointaine de l’hiver. De telles capacités météorologiques sont souvent associées dans les légendes à des êtres féminins ; ainsi, dans les bestiaires du
Moyen-âge, c’étaient les sirènes qui avaient cette capacité de prédire le temps.
Quant au nom de « juive », il faut se rappeler que l’antisémitisme latent des populations anciennes était réel, et que juif était synonyme de païen,
enchanteur, sorcier (autrement dit : un être qui a des rapports avec les forces de la nature brute, ou du surnaturel). Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’un être magique légendaire
ait reçu un tel surnom.
D’ailleurs, d’après François Oustric, un conteur racontait là-bas il y a quelques décennies que cette juive était une druidesse, qui administrait là une sorte de
petit sanctuaire à l’époque romaine. Légende sans doute trop précise « historiquement parlant » pour être réellement authentique.
Plusieurs mystères.
-Les lieux étaient en effet occupés au moins depuis l’époque romaine. On a trouvé sur place une amphore de type rhodanien, du règne de Caligula.
-il existe dans la source une petite niche. Certains disent qu’autrefois se trouvait là une petite statue disparue (volée ?), dont on ignore le sujet :
représentait-elle saint Pierre ? Dernièrement, on y a déposé une icône.
Les chemins de saint-Jacques.
On peut même penser que la source, après les Romains, fut ensuite visitée au Moyen-âge par les pèlerins de saint-Jacques, puisqu’après tout, nous ne sommes pas loin
ici du Cami Roumieu qui traverse la Montagne noire, ancienne voie romaine sans doute empruntée par les pèlerins. Certains même parlent d’une
hôtellerie qui aurait accueilli ici les visiteurs. Toujours est-il que tout ceci relève de l’hypothèse, en l’absence de confirmation directe.
Sources.
F. Oustric, « La source de saint-Pierre » (Revue Folklore).
F. Courrière, Récits et traditions de la Montagne noire