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Venez y découvrir
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...qui vous parlent de l'histoire, du patrimoine, des légendes du sud de la France.

Un monde si proche et si lointain de châteaux, de villages perchés, de pics et de forêts profondes s'ouvre désormais à vous.



"Les êtres et les choses sont créés et mis au monde non pour la production mais pour la beauté"
Joseph Delteil

 

"Ne soyez pas des régionalistes. Mais soyez de votre région."

Joë Bousquet 

 

"Celui qui n'a pas de passion, il ne lui sert à rien d'avoir de la science."

Miguel de Unamuno

11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 19:23
Si, venant de Carcassonne, vous laissez le gros des touristes aux châteaux de Lastours, et continuez dans la Montagne, un univers nouveau s’offre à vous. Il conjugue la douceur méditerranéenne et la beauté sauvage d’une zone montagneuse. Vous voilà dans le Cabardès, dont nous allons évoquer deux merveilleux villages, Les Ilhes et Fournès.  
 
Les Ilhes, pays de l’olivier.
 
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Ce petit village, le premier après Lastours, se blottit au bord de l’Orbiel (la rivière). Son origine remonte au XIIe siècle. Il semble cerné par les bois de chênes verts ; mais il suffit de s’aventurer dans les bois pour voir partout les traces anciennes d’une grande activité. Toutes les montagnes avaient été terrassées en vue de cultures. De nombreuses oliveraies, dont certaines subsistent encore, couvraient les côteaux du village. Le cadastre mentionne cinq moulins à l’huile, fonctionnant à l’énergie hydraulique, répartis le long de la rivière. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un au Sud.
 
Industries éphémères.
 
Sous l’ancien régime, il y eut d’abord une manufacture de drap. Ensuite, au XXe siècle, il existait là une mégisserie, qui fonctionna jusque dans les années 1930. Dans les années 1960, un industriel de Mazamet créa une affaire de délainage dans l’ancienne manufacture de drap. Mais en mai 68 (hasard ?) un feu détruisit le magnifique édifice, dont la forme originelle datait de Colbert. En 1970, l’entreprise redémarra pour 23 autres années, avant de fermer. Aujourd’hui, l’ancienne usine est le siège de la communauté de communes, où vous pourrez trouver quelque information.
 
Les Ilhes secrètes.
 
Les Ilhes sont certes un humble village assoupi et comme rêveur, mais qui a son charme et ses secrets.
 
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Sa première beauté réside dans la gentilhommière de son seigneur, Beynaguet de Pennautier (vers 1775). Elle est doté d’un puits et d’un porche qui enjambe une rue couverte (photo), ce qui donne ainsi un cachet unique à l’artère du village, qui débouche sur la place de l’église.
 
Mais c’est sans doute l’Eglise la plus intéressante. Son humble aspect recèle des trouvailles intéressantes pour le curieux. Son architecture extérieure est assez étonnante, avec son escalier qui part à l’assaut de la façade. On remarquera ainsi une belle porte de tabernacle en bois doré, sans doute XVIIIe, très jolie, portant des épis de blé, symboles du pain et du corpus Christi. Un autre élément beaucoup plus insolite réside dans les figures de soutènement des voûtes (le gros de l’édifice semble remonter à l’époque gothique).
 
L’ours de l’église.
 
Dans ces figures, on voit une étrange faune composée d’animaux fantastiques. Mais l’observateur plus avisé remaquera la présence d’un étrange animal, corpulent et doté d’un long museau, dans lequel tout permet de reconnaître.. un ours ! On peut s’interroger sur la signification de la présence de cette figure qui n’est pas si fréquente que cela dans nos région. Trois hypothèses à ce sujet:
 
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-Peut-être est-ce une figuration de la gourmandise, dont l’animal est l’emblème dans la tradition (il se fait piquer par les abeilles pour manger le miel, poussé par sa gloutonnerie).
 
-Ou alors si on l’associe au visage de jeune homme qui l’accompagne, ce serait l’animal de compagnie d’un saint, et les saints à ours sont nombreux dans le légendaire du sud de la France (Saint-Martin, saint-Vallier, etc…). La légende est toujours la même : un saint dompte un ours qui devient son serviteur. La légende, selon les spécialistes, indique la christianisation d’un culte païen de l’ours.
 
-Ou alors (3e hypothèse), pourquoi ne pas penser qu’il y avait, encore à l’époque de la construction de l’Eglise (donc pas avant le XIIIe siècle) des ours dans ce coin de la Montagne noire ? Le sculpteur se serait alors inspiré d’un specimen tué par des paysans ?... il faudrait confirmer ces hypothèses…
 
Au-dessus des Ilhes : Fournès.
 
Les Ilhes sont un village proche de la route de la vallée, et point trop isolé. Mais si vous suivez un petit raidillon qui part du village, vous arrivez en un demi-heure environ à un autre village plus isolé. Il s’agit de Fournès-Cabardès. Si les Ilhes présente un passé surtout médiéval et moderne, Fournès porte des traces d’occupation humaine depuis l’époque préhistorique, et c’est le mystère des âges sombres que nous y retrouvons.
 
Le plateau sacré.
 
Fournès est surplombé par un plateau sauvage, d’une rare beauté, où la végétation est presque absente. Je m’y suis trouvé un jour d’orage c’était terrifiant ! Le tonnerre faisait un bruit épouvantable. Là, on vit de l’élevage du mouton, depuis fort longtemps. Témoignage de cette activité pastorale depuis le Néolithique, un dolmen, un menhir et des pierres à cupules. Ces monuments sont l’expression du sens du sacré d’une civilisation disparue, celle des pasteurs des plateaux. Le dolmen, ébranlé par des fouilles sauvages, tient à peine debout, mais est d’une beauté grandiose en ce pays sauvage.
 
Les mines de fer.
 
A l’époque du métal, celle des Celtes et des Romains, Le Cabardès fut réputé pour sa production de fer. A Fournès, les spéléologues ont retrouvé d’impressionnantes tranchées, de 100 mètres de profondeur. Il s’agit d’anciennes mines d’époque proto-historique, dont l’exploitation s’est prolongé jusqu’à l’Antiquité. L’ampleur des vestiges laisse penser qu’il y eut jadis, ici, une population nombreuse.
 
Certains imaginatifs disent que le nom de Cabardès vient de caps ardents, têtes ardentes en occitan, nom qui aurait été donné à la région en raison des lueurs des fourneaux où l’on fondait le métal. Plus sérieusement, à mon avis, Fournès semble bien venir de fourn, équivalent occitan de four.
 
Pour les amoureux de l’art sulpicien, l’Eglise de Fournès, émouvante dans sa naïveté, est un ensemble d’une rare homogénéité. Parfaitement entretenue, elle mérite le détour.
 
Un avenir en sursis ?
 
Il est question, dans ce beau pays, de faire une décharge pour caser les déchets dont les villes ne veulent plus. Où est la justice ? Ce pays magnifique ne doit pas être souillé, lui qui porte les humbles vestiges de tant d’époques grandioses de notre histoire.
 
Bibliographie.
 
Guide randonnée Chamina « Montagne Noire », randonnée 38 « Les Oliviers » (un très bon guide qui vous indiquera comment prendre le sentier qui va des Ilhes à Fournès).
 
Guide randonnée « Montagne noire et Cabardès », édité par le conseil Général de l’Aude (disponible dans les OT), randonnées 25 et 26.

La sidérurgie antique en Montagne noire (site de chercheurs en archéologie du Mirail) http://w3.univ-tlse2.fr/utah/fer/
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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 16:09

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Arfons est un petit village de montagne du Tarn, un lieu à la fois accueillant et isolé. On s’y sent un peu comme sur une île. Un îlot de calme et de tranquillité, où le monde va encore au rythme « de l’ancien temps ». Mais c’est aussi pour l’amateur d’histoire et de légendes l’occasion de découvertes insolites. Le charme de ce petit village, entouré de forêts au noms évocateurs (Ramondens, Sagnebaude, Hautaniboul, Cayroulet, Crabes Mortes) parle à mon cœur.
 
Avant Arfons : l’époque romaine.
 
Arfons n’existe que depuis le Moyen-âge. Il n’en reste pas moins que son territoire est très fréquenté au moins depuis l’époque romaine. Ainsi en témoigne le tracé de l’ancienne voie romaine qui, jusqu’au milieu du XIXe siècle, était la seule route qui reliait Arfons à la Plaine, et traversait la montagne jusqu’à Carcassonne.
 
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(Près de la voie romaine dans la forêt de Ramondens) 

Les alentours de la voie romaine, dans la forêt de Ramondens,  sont un lieu très pittoresque, avec de grands blocs de granit qui rappellent ceux du Sidobre. Certains rochers ont été par le passé débités, sans doute pour orner les maisons du village, sur lesquelles l’on voit effectivement souvent de beaux linteaux en granit.  
 
Au début du siècle dernier, on voyait encore au hameau des Escudiès une stèle ou un autel orné d’une inscription dédicatoire au dieu Sor (Deo Sor), le Sor étant une charmante rivière du cru. Faut-il voir là le vestige d’un culte des eaux ? Oui en tout cas d’après l’auteur de l’histoire d’Arfons, qui dit que, dans un acte du XVIIe siècle, les sources sont encore désignée révérées du nom de « saintes » : « Tête sainte du Sor » « Tête sainte de l’Aiguebelle ».
 
Arfons, établissement hospitalier.
 
Certaines traditions et quelques documents laissent penser qu’il y avait à l’origine, au Xe siècle, une abbaye bénédictine sur le territoire d’Arfons. Quoi qu’il en soit, il n’en reste aucun vestige.
 
Ce sont les Hospitaliers qui ont fondé le village d’Arfons (XIIe siècle) en organisant le défrichement des grandes forêts du lieu. Pour ne pas manquer de bras, les Hospitaliers attiraient les habitants des villages d'alentour, en leur donnant un lopin de terre. En outre, pour attirer plus de monde, le territoire d’Arfons avait été érigé par les Hospitaliers en sauveté, terre d’asile où l’on ne pouvait poursuivre les gens en délicatesse avec la justice. Cette sauveté était délimitée par des croix, dont certaines sont encore apparentes : la croix de Montalric, la croix des Fangasses.

La légende de fondation.
 
Une légende a trait à la fondation d’Arfons par les Hospitaliers. Ceux-ci auraient bâti la ville à l'endroit où un chevreuil noir venait boire. Un animal étrange, difficilement identifiable, est sculpté dans l’Eglise d’Arfons. Serait-ce une représentation stylisée du chevreuil légendaire ?
 

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Les hospitaliers ont laissé des traces plus tangibles. Le hameau des Escudiès, dont le nom signifie écuyers, était le lieu où se trouvaient les écuries des Hospitaliers. Plusieurs fermes fortifiées de ce lieu dateraient d’ailleurs de l’époque des chevaliers. Les Hospitaliers avaient également construit un château au lieu-dit la Tour, mais aucun vestige n’en subsiste aujourd’hui. Leur commanderie se tenait à l’emplacement de l’Eglise actuelle d’Arfons.
 
Le plus beau vestige de la présence des Hospitaliers est la chapelle du hameau des Escudiès, construite du XIVe siècle, et rénovée par des bénévoles à la fin du XXe siècle. Vous pouvez la visiter en demandant la clé aux habitants du hameau. 
 
Les Hospitaliers quitteront Arfons à la Renaissance. La croix de Malte figure encore dans les armoiries d’Arfons, témoignage de leur rôle dans l'histoire du village.  
 
Moyen-âge et Renaissance. 

L'histoire d'Arfons est tumultueuse et agitée, en contraste avec le calme et la paix qui y règnent de nos jours. Arfons est, pendant tout le Moyen-âge, une communauté isolée où il est difficile de survivre, entre les famines, les pestes (1348, 1530, 1644), les velléités belliqueuses des seigneurs, les incursions des grandes compagnies ou des brigands.

Arfons est détruit une première fois, 20 à peine après sa fondation, vers 1170, sans doute par les bandes d’un seigneur local. Elle est recontruite après la Guerre contre les Albigeois, en 1236. Au XIVe siècle, la communauté se maintient tant bien que mal par sa production de viande et de lait. Par malheur, Arfons est ravagée par les Anglais vers 1350. Vers 1400, un commisaire royal témoignage que la montagne est déserte, les fermes vides, les terres en friches. Les rares habitants doivent chasser les bêtes sauvages qui dévastent leurs maigres cultures. Les loups rôdent. Les Ecorcheurs, une compagnie de bandits de grands chemins,  mettent le pays en coupe réglée à cette époque: leur nom laisse présager le pire quant à leurs méthodes !
 
Les temps modernes (à partir du XVIIe siècle).

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A l’époque moderne, les conditions de vie s’améliorent. De grandes et belles maisons sont construites, dont la « Chartreuse », belle bâtisse qui date sans doute, à vue de nez, du XVIIe ou du XVIIIe siècle. De la même époque,une belle Vierge, (aujourd’hui remplacée par une copie) qu’on peut voir au coin d’une maison, protégée par une grille de fer  joliment ouvragée.
La deuxième guerre mondiale a été marquée par les prouesse du Corps Franc de la Montagne Noire. Une de ses actions mémorables fut de défiler à Revel un 14 juillet, en pleine occupation allemande. Des monuments témoignent de ses hauts faits aux Escudiès, ainsi qu'au lieu-dit "la Prune", où un contingent minime de maquisards parvint à tenir en échec une division allemande tout entière.
 
Traditions et mystères. 
 

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-Autrefois, en bons gaulois, les habitants d’Arfons mangeaient pour la fête de leur village (premier dimanche de septembre) le mouton en partie rôti, en partie en sauce au vin. Le repas était accompagné de millas. Ce classique de la gastronomie régionale est une bouillie consistante, faite à base de farine de maïs et parfois de graisse animale. Grillé ou sucré, le millas est indifféremment accompagnement pour la viande ou dessert.

-Une étrange statue se trouve dans une niche surmontant la porte d’une maison. On l’appelle la « Toustoune » (la poupée). Certains y ont vu une vierge, d’autres une statue romaine, une déesse-mère (Y a-t-il une féministe dans la salle ?)… Pour moi, elle ressemble à une sorte de personnage drapé tenant un livre ou un parchemin : peut-être un évangéliste ?

-Une fontaine insolite, en contrebas du village, porte le nom de Fontaine des Canons. L’eau y jaillit en effet dans des tuyaux qui ressemblent à des canons de fusil !
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